Jeanne Weber, « l'ogresse de la Goutte d'Or ».
Chassée de chez elle à cause de la naissance d'un énième enfant au foyer de ses parents, elle a débarqué un petit matin de 1890 à la gare Montparnasse. Se placer comme domestique est le seul moyen de survie, avec la prostitution, pour la plupart des jeunes paysannes bretonnes exilées dans la capitale, en jupon de coton, coiffe et sabots. Le mythe vivace de Bécassine vient de naître. Cependant le parallèle avec l’héroïne, créée par Joseph Pinchon pour le magazine la « Semaine de Suzette », s’arrête ici, car le chemin de Jeanne Weber, née Moulinet va être jonché de cadavres d’enfants dont on la tient en grande partie responsable.
Une domestique docile.
Jeanne Moulinet arrive à Paris avec vingt-cinq francs en poche. Bien que ne sachant ni lire ni écrire, Jeanne trouve très vite une place. Elle entre comme bonne d'enfant chez un architecte de l'avenue de Clichy dont la femme traîne sa vie sur une méridienne à préparer ses grossesses annuelles.
Trois ans passent ainsi qui font de Jeanne une jeune fille pas très jolie, certes, mais dotée tout de même d'un certain charme. Tel est, semble-t-il, le sentiment de l'architecte qui, un soir de solitude en fait sa maîtresse. Puis ce qui doit arriver arrive : un beau jour Jeanne « tombe enceinte », comme on dit dans son pays. C’est un homme qui a des relations et qui n’a aucun mal à lui trouver une faiseuse d’anges. Libérée, Jeanne pense retrouver les bras de son amant. Oui, mais voilà, lui est passé à autre chose. Comme cadeau de rupture, il lui offre un petit viatique et un bon certificat qui doit permettre à la jeune fille de se replacer. La voici sur la route à nouveau avec sa valise en carton et les maigres économies qu'elle a pu mettre de côté durant ces trois ans. Son prochain employeur est un rentier demeurant boulevard Malesherbes. Il l'engage comme bonne à tout faire et voilà Jeanne en train de récurer la journée les planchers de la maison. Elle passe son seul jour de congé à rêver toujours et encore des bras de Monsieur Robert et s'imagine pouvoir le retrouver. C'est durant l'un de ses jours de congé, qu'un homme, Jean Weber la rencontre et lui parle, lui contant fleurette. Comme elle, il est breton. C'est la seule chose qui les réunit. Jeanne finit par accepter le mariage et devient madame Weber, elle a dix-neuf ans.
L’hécatombe de la Goutte d’or.
Le jeune couple s'installe au 38 de la rue Pujol dans la routine matrimoniale des petites gens sans curiosité ni moyen d'aucune sorte. Jean Weber s'est assez rapidement consolé dans le vin rouge du peu d'empressement amoureux de sa femme. Un premier enfant meurt à trois mois. Puis, est-ce la fatalité ou à cause des coups de pied dans le ventre que lui donne son mari, Jeanne met au monde une fille mort-née. Pourtant elle ne se décourage pas et, en 1898, elle a enfin un autre enfant. Marcel est un garçon fragile, certes, mais qui vit. Jeanne, qui a eu des couches difficiles et des relevailles pénibles, se fait aider par sa belle-sœur, Blanche, pour élever son bébé. Très vite, les deux jeunes femmes deviennent plus que des amies. Deux autres frères Weber se marient à leur tour et chose curieuse, les belles-sœurs s'entendent aussi bien que les frères.
Ainsi, pour se rapprocher de Blanche et Charles qui habitent rue du Pré-Maudit, Jeanne et Jean déménagent et s'installent impasse de la Goutte d'Or. Le 31 décembre 1902, elle propose de s'occuper de la petite Lucie, la fille d'Alphonse Alexandre, un veuf voisin de la famille. Quand il rentre chez lui, il retrouve sa petite fille au plus mal. A 16 heures, la petite décède d'une « pneumonie aiguë ». Durant deux ans, il n'y aura plus de morts dans l'entourage de Jeanne qui se tourne vers l'intérieur de sa maison, fort bien tenue aux dires de chacun. Puis vient l'hiver 1905 où tout bascule à nouveau. Les familles Weber se sont agrandies : Charles et Blanche ont eu deux filles, Suzanne, qui a trois ans, et Georgette, dix-huit mois ; Pierre et Marie ont un garçon, Maurice, âgé de deux ans ; Léon et Charlotte ont une fille, Germaine. A sept mois, elle est la préférée de Jeanne qui n'a pas eu, d’autre enfant après Marcel.
Le 2 mars, Jeanne se rend chez Blanche. Là, pour permettre à sa belle-sœur d'aller au lavoir municipal faire sa lessive, elle propose de garder les enfants. Pendant que Suzanne joue dans un coin avec sa poupée, sa petite sœur dort. Soudain Jeanne sursaute. La respiration de l'enfant est devenue sifflante. Elle se précipite jusqu'au berceau, Georgette a le visage violacé. Jeanne alerte les voisins et prend la petite dans ses bras ne sachant trop quoi faire d'autre. La serre-t-elle trop fort comme le lui fait remarquer une voisine ? Toujours est-il que cette dernière s'inquiète et propose d'aller chercher un médecin. Lorsque celui-ci arrive, il est trop tard : Georgette est morte.
Blanche qui rentre précipitamment du lavoir a le visage en larmes. Jeanne, qui a senti dans ses bras les derniers sursauts de la petite, est décomposée .
« Votre enfant a été victime d'une pleurésie, conclut le médecin après avoir examiné le cadavre. Il y en a beaucoup en ce moment... »
Toutes ses heures de liberté, Jeanne les passe maintenant auprès de sa belle-sœur, faisant tout ce qui est en son pouvoir pour la soulager. Ainsi se trouve-t-elle de nouveau chez elle le 11 mars, soit neuf jours après la mort de Georgette, à surveiller Suzanne en l'absence de sa mère.
Subitement, Jeanne se précipite dehors et appelle au secours.
- Allez prévenir ma belle-sœur, sa fille étouffe !
Lorsque Blanche arrive tout essoufflée, Suzanne est violacée, au bord de l'asphyxie.
Pierre, qui, ce jour-là, travaille à côté, a été prévenu :
- Ça doit être le sirop d'éther qu'elle a bu par accident ce matin qui lui fait ça, dit-il.
De fait, après que l'ait fait vomir Suzanne, ses couleurs reviennent et sa respiration reprend un rythme normal.
L'alerte est passée. Rassurés, ses parents retournent à leur travail. Quant à Jeanne, elle reprend sa garde vigilante. Cependant, lorsque le soir venu, Pierre Weber rentre chez lui, il trouve sa fille en train de rendre son dernier soupir. Suzanne a succombé si vite que cette fois Jeanne n'a même pas eu le temps d'appeler au secours. Quelque peu troublé par cette nouvelle mort subite, le médecin du quartier que l'on a fait venir refuse le permis d'inhumer. Il demande une enquête. Elle conclut au décès naturel, causé d'après l'expert par une crise de convulsions. Pourtant ses belles-sœurs continuent de faire confiance à Jeanne. La preuve en est que Blanche et Marie, qui a amené son fils Maurice avec elle, sont venues passer la journée du 5 avril à la Goutte d'Or. L'après-midi, pendant que Maurice fait la sieste sous la garde de sa tante Jeanne, Marie est allée acheter une voilette pour Jeanne. Blanche s'est rendue dans une pharmacie. A leur retour, elles ont trouvé Jeanne, aidée par un voisin qu'elle a appelé au secours, en train de ranimer Maurice qui suffoque. Quand enfin le docteur Moock, que Blanche est allée chercher, arrive, l'enfant va mieux. Mais le médecin ordonne tout de même de le placer en observation à l'hôpital Bretonneau. Le diagnostic de l'interne, lorsqu'il reçoit l'enfant dans son service, atterre Blanche et Marie :
- A mon avis, on a tenté de l'étrangler.
Un étrange acquittement.
Dès le lendemain, l’interne fait part de ses observations au docteur Sevestre, directeur de la crèche de l'hôpital Bretonneau (nous dirions aujourd'hui du service de pédiatrie). Tous deux examinèrent l'enfant, dont le cou présentait maintenant une cicatrice violacée. Puis, ils interrogèrent la mère. Ce qu'ils entendirent alors les glaça d'horreur. Aussitôt avisé, le commissaire de police de la Goutte d’Or procéda à l'arrestation de Jeanne Weber. Pas moins de six enfants étaient décédés, alors qu’ils étaient sous la garde de Jeanne. Mais contre elle, il n’existait aucune preuve ! L'hygiène avait déserté ce quartier populeux de la Goutte d'Or où tout un peuple de petites gens gorgées d'alcool s'entassait dans de sordides masures. La mortalité infantile s'inscrivait de façon sinistre dans le quotidien. 30 à 40% des enfants y mouraient de diarrhée, de convulsions ou de diphtérie. Il fallait donc autre chose qu'une cascade de décès suspects pour transmettre un dossier à la chambre d'accusation, et c'est pourquoi le juge d'instruction Leydet demanda au professeur Thoinot d'examiner Maurice Weber et de procéder à l'autopsie de Georgette, Suzanne, Germaine et Marcel Weber. Léon Thoinot était alors un « prince de la médecine », l'une des plus hautes sommités de l'école médico-légale parisienne. Lorsque les expertises commencèrent par l'examen de Maurice Weber, le 10 avril, il ne faisait aucun doute que leurs conclusions seraient accablantes pour celle qu'on avait déjà surnommée dans son quartier « l'ogresse de la Goutte d'Or ». Mais la cicatrice au cou avait disparu et Thoinot, qui avait accueilli les remarques de l'interne Saillant avec mépris, déclara que rien ne prouvait la strangulation. Tout aussi négatifs furent les résultats des autopsies. Ces points sanguinolents au niveau de la plèvre et au cœur, connus sous le nom de « taches de Tardieu », et qui trahissent la strangulation, étaient absents. Les os hyoïdes et le larynx étaient intacts. En fait, les savants démontreront quelques années plus tard que la strangulation ne laisse aucune trace de fracture dans le cartilage encore souple des enfants.
Cinq aliénistes furent ensuite chargés d'examiner Jeanne Weber. Ils en conclurent à la plénitude de ses facultés mentales. Elle ne souffrait d'aucune perversion instinctive, d'aucune affection névropathique. Elle ne pouvait avoir fait l'objet d'aucune crise de délire transitoire ou d'inconscience passagère au moment des faits visés par l'inculpation. Le procès de Jeanne Weber s'ouvrit le 29 janvier 1906 dans une atmosphère dominée par la haine du public qui exigeait la tête de l'ogresse. La cour, présidée par le juge Bertolus, était convaincue de la culpabilité de l'accusée. Mais Henri Robert, l'un des maîtres du barreau que son talent conduira plus tard à l'Académie française, n'avait pas dédaigné assumer la défense d'une cause dont la noblesse rehausserait son prestige. Avec une virtuosité théâtrale, il réduisit le témoignage des voisines à de simples commérages.
L'audience du 30 janvier fut consacrée à l'audition des médecins légistes. Thoinot démontra sans aucune hésitation l'innocence de Jeanne et ses propos reçurent la caution du grand Brouardel qui n'avait même pas participé à l'autopsie. Mais la parole des pontifes était sacrée. Au terme de la sentence médico-légale, l'avocat général Seligman, qui avait pourtant plaidé la culpabilité avec une conviction enflammée, se leva et déclara, la mort dans l'âme : « Je renonce sans réserve. On ne peut sortir de la cour d'assises qu'acquitté ou condamné. Quand vous aurez répondu "non" à toutes les questions, Jeanne Weber devra par tout le monde être tenue pour innocente. »
L'ogresse fut acquittée sous les applaudissements de ceux-là mêmes qui, la veille encore, l'avaient vouée aux gémonies.
Un deuxième cycle infernal.
Rejetée par son mari et la famille de celui-ci, honnie par les habitants du quartier de la Goutte d'Or, Jeanne Weber fait une tentative de suicide, mais en réchappe. Elle décide alors de quitter la capitale pour la province. Elle s'arrête à Jouy, puis à Villedieu le 13 mars 1907, elle rencontre un certain Sylvain Bavouzet. L'homme est un riche agriculteur, père de trois enfants. Persuadé de l'innocence de Jeanne, il l'accueille chez lui, lui conseille de prendre un autre nom et la fait passer pour la cousine de son épouse défunte, Mme Glaize.
Les deux plus jeunes enfants de Bavouzet trouvent cette « cousine » charmante, jusqu'au 16 avril, ou Jeanne Weber se retrouve seule avec le jeune Auguste. Celui-ci est pris de convulsions. Le lendemain, il ne respire plus. Le médecin trouve cette mort suspecte et refuse de signer le certificat de décès. Le maire alerte alors le procureur de la République de Châteauroux. Une autopsie est demandée, elle se révèle non concluante. Jeanne Weber s'en tire. Seulement, la fille aînée de Bavouzet, Germaine, 16 ans la soupçonne d'avoir tué son frère. Elle retrouve les vieux journaux qu'elle collectionne et tombe sur les articles qui parlent des morts de la Goutte d'Or. Sans plus attendre, elle se rend chez les gendarmes et leur dit que la « cousine » de sa mère n'est autre que Jeanne Weber. L'affaire est rouverte, le parquet de Châteauroux demande le dossier de l'affaire de la Goutte d'Or à Paris (500 pages), une seconde autopsie est demandée pour le corps du petit Auguste, 9 ans. Les résultats tombent : « Nous n’affirmons pas que la mort est la conséquence des violences, mais c’est probable ». Mais la riposte parisienne allait être foudroyante. Dès le lendemain, maître Henri Robert demandait que les rapports d'autopsie fussent soumis à l'appréciation du professeur Thoinot. Comme on pouvait s'y attendre, ses conclusions furent accablantes pour « ces deux médecins de province » dont la prose n'était, disait-il, qu'un tissu d'inepties.
Une nouvelle autopsie fut confiée au professeur Thoinot et au docteur Socquet. Elle se déroula en présence des docteurs Audiat, Bruneau et Papazoglou. Mais le décès remontait à trois mois et la putréfaction avait décomposé les chairs, effaçant les traces d'une éventuelle strangulation. Au mépris de toute logique, Thoinot et Socquet en conclurent à la mort naturelle. Les docteurs Audiat et Bruneau firent alors preuve d'une inconcevable audace. Ils se désolidarisèrent du grand Thoinot et rédigèrent un rapport séparé aux conclusions diamétralement opposées. S’appuyant sur ce désaccord, le juge Belleau ordonna le renvoi de l'accusée devant la Cour d'assises. Ce fut alors une indicible levée de boucliers. La presse se déchaîna. De toutes parts il ne fut question que de « Belleau le bourreau », « Belleau le tortionnaire ». Des pétitions furent adressées au garde des Sceaux, la Faculté et la Ligue des droits de l'homme protestèrent. Saisie du dossier au cœur du tumulte, la Chambre d'accusation recula devant la marée montante des mécontentements. Elle conclut au non-lieu dans la journée du 6 janvier 1908. Le soir même, l'ogresse était libre.
L’aliénée Jeanne Weber.
Le 1er mai 1908, le professeur Lacassagne, directeur des Archives d'Anthropologie criminelle, faisait publier dans sa revue les pièces de l'affaire Jeanne Weber et quelques commentaires fleuris à la gloire du grand Thoinot. Mauvaise idée, car, quelques jours plus tard, la presse annonçait à grand son de trompes que l'ogresse de la Goutte-d'Or venait d'étrangler un nouvel enfant et que cette fois, elle avait été prise en flagrant délit. Après sa longue incarcération à la prison de Châteauroux, Jeanne se retrouve sur le pavé, contrainte par la force des choses d'accepter l'invitation d'un vigneron à venir vivre auprès de lui comme dame de compagnie. Averti du dénuement dans lequel elle se trouve, ce monsieur, Joseph Jolly, pousse même la générosité jusqu'à envoyer à Jeanne les vingt francs que coûte le voyage de Paris jusqu'à Lay-Saint-Rémy, près de Commercy. Trois jours après son arrivée chez Joseph Jolly avec lequel elle est dans les meilleurs termes, Jeanne Weber se remet à boire. A l'occasion d'une soirée de beuverie, elle fait la connaissance d'un ouvrier de Sorcy, Bouchery, dont elle devient la maîtresse. Alors elle va quitter le domicile de Joseph Jolly pour s'installer avec lui à Commercy, dans un café-hôtel tenu par M. et Mme Poirot. Les Poirot ont un fils, auquel Jeanne a quelque raison de s'intéresser : il se nomme Marcel, comme son fils mort il y a tout juste trois ans. Le soir du 10 mai, Jeanne sait qu'elle va dormir seule. Bouchery l'a prévenue qu'il ne rentrera pas coucher. Aussi demande-t-elle à sa logeuse de lui confier le jeune Marcel pour lui tenir compagnie, car elle supporte mal la solitude... A dix heures du soir, des bruits insolites venant de la chambre de Jeanne alertent une voisine qui prévient Mme Poirot. Lorsque celle-ci pénètre dans la chambre, elle découvre Jeanne debout près du lit. Si elle veille Marcel, c'est parce qu'il est mort. Jeanne lui a fait sa dernière toilette. Des linges ensanglantés traînent au sol. Le docteur Guichard qu'on a fait venir en hâte ne peut que constater le décès de l'enfant auquel un énorme morceau de langue manque... Cette fois tous les experts sont d'accord, Marcel Poirot a bien été étranglé et « aucun de ses organes ne présente de symptôme de maladie, ni de tare originelle susceptible d'avoir entraîné une mort subite ».
Qui pourra le dire ?
Une photo de Jeanne Weber est transmise au célèbre phrénologue Lumbroso[1]. Il fait autorité en matière de criminologie. Son rapport est accablant pour Jeanne : « Il s'agit d'une hystérique, éliptoïde et cérinoïde... Il est possible qu'elle ait commis ses crimes lors d'accès d'épilepsie ou d'hystérie... Agissant sous l'empire de l'alcool, elle est une pervertie qui éprouve une jouissance érotique extraordinaire en étranglant des enfants... Pour conclure, Jeanne Weber est un être immoral, une criminaloïde épileptique de l'espèce la plus dangereuse qu'il faut absolument mettre hors d'état de nuire... »
Jeanne Weber est effectivement mise hors d'état de nuire. Par arrêté du 23 décembre 1908, il est décidé que « l'aliénée Moulinet » sera séquestrée à l'asile départemental de Fains pour y recevoir les soins que sa position réclame. C'est là qu'elle meurt le 5 juillet 1918 d'une crise de néphrite, à quarante-trois ans.
Jeanne Weber n'a avoué aucun de ses crimes. Même pas le dernier, pour lequel sa culpabilité était évidente. Mais ceux pour lesquels elle a été acquittée, les a-t-elle commis ? On peut se le demander, même si pour l'histoire judiciaire sa culpabilité ne fait aucun doute.
Selon certains psychologues, Jeanne Weber a certainement été une criminelle, mais elle n'en est sans doute devenue une qu'après son non-lieu. Ce sont les autres qui l'ont rendue criminelle. Ses nièces et son fils sont certainement morts de mort naturelle, Auguste Bavouzet aussi. D'autres auteurs pensent qu'à l'exception de son fils, Jeanne Weber a dû tuer une dizaine d'enfants en appuyant fortement sur leur poitrine pour bloquer leur respiration, ce qui ne laisse pas trace de violences.
Qui pourra jamais le dire avec certitude ?
Pour en savoir plus :
Solange Fasquelle, L'Ogresse de la Goutte-d'Or, Paris, Presses de la Cité, coll. « N'avouez jamais », 1974, 188 p.
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[1] Partisan de la phrénologie, théorie selon laquelle les protubérances du crâne auraient été l’indice de dispositions morales ou intellectuelles déterminées.
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